U.N.C. EPINAY SUR ORGE – VILLEMOISSON :  Cérémonie des déportés

U.N.C. EPINAY SUR ORGE – VILLEMOISSON : Cérémonie des déportés

Nous voici réunis en ce 28 avril 2024 pour la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation, dans les camps de concentration nazis, pendant la seconde guerre mondiale.

Aujourd’hui je prends la parole en tant que fille de Résistant Déporté. Pour mémoire dans cette période dès plus tragiques, il y avait des camps d’extermination immédiats, pour le simple fait d’être juifs, tziganes, homosexuels, noirs, handicapés, vieillards, hommes, femmes, enfants, bébés, y ont été tués, comme Auschwitz, Treblinka, Sobibor pour ne citer qu’eux. Et puis Les camps de concentration nazis dont l’objectif était l’anéantissement des déportés par le travail qui servaient la machine de guerre allemande, comme Mauthausen, Dachau, Buchenwald, Wilhelmshaven, Bremen Farge, Husum, Neuengamme, et Ravensbrück (spécial femmes) entre autres. 30 nationalités y ont été recensées.

Mon Père Jacques Klajman, arrêté par dénonciation pour ses activités de résistance, fut conduit, le 21 mai 1944, en wagons à bestiaux sans eau et sans nourriture pendant des jours vers le camp de Neuengamme près de Hambourg. Puis il fut transféré au Kommando de Drütte pour la fabrication des obus 88 dans les usines d’Hermann Goering et considéré comme un esclave, un Stück (morceau), un numéro, un sous-homme. Et enfin après un parcours à pied, sans fin jusqu’à Bergen Belsen, il fut libéré le 15 avril 1945, ne pesant que 32 kilos.

A leur retour de l’enfer concentrationnaire, les survivants de Neuengamme ont écrit un Manifeste, il y a donc 79 ans. Permettez-moi de vous citer quelques extraits tout à fait d’actualité :

« Nous, déportés survivants du camp de concentration de Neuengamme et de ses Kommandos, familles et amis, proclamons notre attachement indéfectible aux valeurs communes issues de la Résistance et de la tragique expérience concentrationnaire. Grâce à l’action et au sacrifice des résistants qui, refusant la dictature nazie, la collaboration du régime de Vichy et le fascisme sous toutes ses formes, se sont courageusement engagés dans un combat contre l’oppression et l’asservissement,

Nous, les déportés, refusons tous les extrémismes et les fanatismes, tout ce qui tend à asservir ou avilir l’être humain, en particulier l’utilisation de la torture, le mépris de l’autre et son exclusion. Nous dénoncerons et combattrons toute résurgence du nazisme et du fascisme. »

L’année dernière je clôturais mon discours par « A-t-on oublié notre histoire qui nous empêche de vivre en Paix ? ». Qu’avons-nous vécu cette année ? Des violences inimaginables, des actes odieux, la résurgence de l’antisémitisme, la prolifération de discours négationnistes, homophobes, des manipulations intellectuelles…. Fort de constater que nous vivons dans une société qui semble avoir oublié son histoire et comment les évènements dès plus tragiques sont apparus dans le passé. Le modernisme, le développement des réseaux sociaux, non maitrisés avouons-le, voient resurgirent, dans la minute, des provocations, des dénonciations, des fausses informations, des regroupements de violence et nous infligent chaque jour des informations, images et vidéos des plus anxiogènes. Dernières en date, le Maire de Moins, qui après avoir servi la République pendant plus de 10 ans, s’est vu contraint de quitter ses fonctions pour cause d’antisémitisme, de menaces de mort et de décapitation. Et combien de maires ont démissionné ? Et cet autre maire, à contrario, ne se maîtrisant pas, a effectué le salut nazi. La liste est longue. L’horreur au 21ème siècle semble ressurgir. Je citerai ici Elie Wiesel, le prix Nobel de la paix en 1986, « Ceux qui ne connaissent pas leur histoire s’exposent à ce qu’elle recommence »

Mon Père, comme tous ces camarades ont combattu, se sont engagés au péril de leur vie pour que nous, Enfants de la France, puissions vivre en Harmonie et en Paix. Aujourd’hui, la transmission vers les nouvelles générations est essentielle : enfants, petits-enfants, famille, écoliers, lycéens… Car l’homme a besoin de se souvenir avec des mots, des films pour l’aider à vaincre l’oubli.,. Aujourd’hui, il reste peu de déportés en vie de cette effroyable tragédie pour témoigner. Et pour nous, cela est de notre devoir de transmettre. Paul Eluard, poète et résistant a écrit avec des mots forts et justes « Si l’écho de leur voix faiblit, nous périrons ».

Alors gardons la tête haute, protégeons nos valeurs républicaines, unissons nos forces, et partons en guerre contre l’oubli.

Le « N’oublions jamais » a plus que jamais un sens profond de nos jours.

Sylvie Klajman

Fille du Résistant Déporté

Mr Jacques Klajman 31613